L'écosystème aquatique


 

1.1 - Définition

Tout milieu aquatique est fondamentalement un écosystème; c'est-à-dire un système unitaire et fonctionnel incluant une communauté d'organismes vivants (la biocénose) et leur environnement (le biotope).

1.2 - Le biotope

Le biotope est constitué par l'eau et le substrat (lit et berges des écosystèmes d'eau courante, cuvettes des écosystèmes d'eau stagnante). Il dépend de facteurs climatiques, géologiques et topographiques ayant trait au bassin versant.

Il peut être caractérisé par un certain nombre de composantes qui interagissent de façon complexe rendant délicate l'analyse de l'état global d'un milieu en constante évolution : variation des débits, concentration en éléments chimiques,...

1.3 - Les biocénoses

A quelques rares exceptions, l'ensemble des grands groupes végétaux et animaux est susceptible d'être rencontré dans les eaux douces (virus, bactéries, algues, végétaux supérieurs, protozoaires, invertébrés et vertébrés). Ces organismes peuvent être regroupés en grands communautés : planctonique (1), périphytique (2), benthique (3), ...

Les organismes ont, entre eux, des relations intra ou interspécifiques, de nature trophique (relation proie/prédateur), parasitaire (relation hôte/parasite) ...

1.4 - L'habitat

Les différents facteurs de l'écosystème aquatique peuvent être rassemblés en trois catégories :
          - les facteurs physico-chimiques (pH, sels dissous,...), qui, dans leur ensemble, peuvent être considérés comme relativement stables à une grande échelle spatiale (tronçon de cours d'eau);
        - les facteurs morphodynamiques (granulométrie, vitesse du courant, hauteur d'eau,...) susceptibles de variations importantes à des échelles beaucoup plus petites et qui de ce fait vont contribuer à répartir, en fonction de leurs exigences écologiques, les organismes dans les milieux aquatiques;
           -  les facteurs biotiques ou ensemble des relations intra et interspécifiques.

L'interdépendance de tous ces facteurs et leurs variabilités spatiales et temporelles font du fonctionnement des écosystèmes aquatiques un équilibre dynamique en perpétuel ajustement.

Dans un contexte physico-chimique donné, les facteurs morphodynamiques mesurés à l'échelle des différents organismes vont déterminer, pour chacun d'entre eux, le cadre, essentiellement physique, l'habitat, dans lequel chaque individu va accomplir les fonctions biologiques permettant le maintien des populations.

La juxtaposition des différents habitats dont les limites sont susceptibles de variations dans le temps, conduit à une structure habitationnelle du type "mosaïque" dont la complexité apparaît, en l'absence de toute perturbation de nature physico-chimique, garante d'une biodiversité élevée.

Le rôle central que joue l'habitat fait que tous travaux (curage, endiguement, rescindement, reprofilage,...) en perturbant les équilibres morphodynamiques, affaibliront les capacités du milieu à héberger, protéger et assurer le déroulement normal du cycle de développement des différents organismes.

1.5 - L'édifice trophique

Les relations inter organismes s'expriment entre autres, à travers la nécessité pour chacun de se nourrir.

L'organisation de l'écosystème en réseau trophique apparaît donc fondamentale et conduit au recyclage permanent de la matière organique et minérale.

Le recyclage passe par deux étapes essentielles : l'assimilation par les organismes et la décomposition de ces organismes après leur mort.

Les végétaux aquatiques chlorophylliens ont la propriété de synthétiser leur propre matière organique carbonée à partir du gaz carbonique dissous dans l'eau. Cette réaction nécessite une source d'énergie externe apportée par le rayonnement solaire et aboutit à la synthèse de molécules complexes (glucides, protides, lipides,...)


Schéma de la photosynthèse d'après FRIEDEL H. [40]

Photosynthèse :
l'extraordinaire usine que constitue une plante, capable de convertir les éléments minéraux puisés dans le sol et dans l'eau en tissus organiques, a pour source d'énergie le Soleil et, pour "ateliers", les cellules chlorophylliennes qui peuvent être considérées comme les meilleurs capteurs solaires existant actuellement

 Les plantes vertes se nourrissent d'aliments minéraux qu'elles puisent dans l'air ou dans l'eau (CO2)

La réaction globale qui nécessite la présence de lumière et de pigments dans les cellules végétales peut s'écrire :

6 CO2 + 12 H2O pigment
chlorophyllien
C6H12O6 + 6 O2 + 6 H2O
      ------------>          
Gaz
carbonique
  eau énergie glucides   oxygène   eau

Ces végétaux, autotrophes pour le carbone, puisent dans le sol ou dans l'eau les autres éléments nutritifs (azote, phosphore,...) indispensables à leur développement.

Ils constituent le premier niveau du réseau trophique, celui des producteurs; ils seront alors consommés par des organismes phytophages ou herbivores, encore appelés consommateurs primaires. Ces derniers vont être à leur tour l'objet d'une prédation par des organismes dit consommateurs secondaires,... Ainsi les algues microscopiques benthiques et planctoniques mais également la matière organique en cours de décomposition constitueront-elles les deux principales sources de nourriture des invertébrés aquatiques qui entreront eux-mêmes largement dans le régime alimentaire de la plupart des poissons.

En général, pour un écosystème donné le nombre de niveaux est limité (4 à 5).

Un même organisme au cours de son développement peut changer de régime alimentaire et passer d'un stade consommateur C1 à C2 ou C3.

Les déchets produits par ces organismes, ainsi que leurs cadavres seront transformés par des organismes (bactéries et champignons) qui dégraderont la matière organique (ce qui entraîne une consommation d'oxygène) et restitueront au milieu des éléments simples minéralisés susceptibles d'être réutilisés par les végétaux chlorophylliens.

Ainsi l'existence de relations alimentaires étroites entre les organismes aquatiques fait que toute altération de l'édifice trophique se traduira par une réduction de la capacité de l'écosystème aquatique à produire, à nourrir et à transformer.

L'ensemble de ces relations complexes peut être résumé sur le schéma suivant :



P : producteur        C : consommateur (C1, C2, C3)

Chaîne alimentaire de l'étang. Les plantes chlorophylliennes utilisant l'énergie solaire sont le point de départ des chaînes alimentaires terrestres et aquatiques qui, toutes, sont fermées par l'action des bactéries qui minéralisent excréments et cadavres.
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(1) planctonique : se dit des organismes vivant en pleine eau, mais sans autonomie de déplacement
(2) périphytique : qui vit sur les supports végétaux
(3) benthique : qui vit sur le fond ou dans le sédiment

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Daniel Pellerin © 2003