Méthode de détermination de la qualité biologique des eaux


 

5.1 - Généralités

La méthode de détermination de la qualité biologique des eaux repose sur la pollusensibilité des organismes qui les peuplent.

Différentes méthodes sont de nos jours utilisées : celles qui recherchent la présence d'organismes considérés comme indicateurs d'un certain type de pollution (analyses bactériologiques,...) et celles, plus globales, qui sont fondées sur l'étude d'une large partie des peuplements aquatiques : les analyses biocénotiques.

Jusqu'à présent les administrations et leurs services d'application sont à la recherche de la méthode idéale (simple, fiable, précise) susceptible d'être largement appliquée. Les hydrobiologistes travaillent depuis de nombreuses années à l'élaboration de méthodes basées sur des analyses biocénotiques et se heurtent à un certain nombre de difficultés d'ordre pratique ou fondamental.

  • Si l'échantillonnage des zones amont des cours d'eau pose peu de problèmes, celui des milieux potamiques (1) apparaît particulièrement délicat du fait de l'importance des hauteurs d'eau.

  • Des méthodes biocénotiques spécialisées, particulièrement adaptées à la mise en évidence de certains types de pollution, requièrent la détermination à l'espèce, et parfois à des limites plus fines que l'espèce, de certains groupes taxonomiques. Or, les services d'application souhaitent des méthodes pratiques, pouvant être mises en oeuvre par des agents généralistes.

  • La diversité et la variabilité des systèmes aquatiques impliquent, dans les méthodes d'application générales, la prise en compte d'organismes largement représentés dans les systèmes aquatiques, afin de s'affranchir des phénomènes de remplacement des espèces les unes par les autres le long des cours d'eaux.

  • S'il est de nos jours possible de rencontrer des cous d'eau à truites encore peu touchés par la pollution, les zones de référence parmi les milieux potamiques ont disparu depuis longtemps des cours d'eau européens. Il apparaît donc délicat de nos jours de définir des critères biologiques relatifs à certains types de milieu.

Cependant, dans l'ignorance de la nature et de l'ampleur des atteintes portées au milieu et tenant compte du caractère intégrateur des espèces, il apparaît réaliste d'établir un diagnostic à partir de l'étude des peuplements du site apparaissant comme l'effet résultant de l'ensemble des contraintes. L'évaluation des changements au niveau des communautés est particulièrement intéressante lorsqu'il s'agit de comparer l'amont et l'aval d'une source de dégradation afin de faire ressortir l'ampleur des nuisances provoquées au sein de l'édifice biologique et par contre coup la baisse de qualité biologique qui en résulte.

De plus, les progrès de l'industrie chimique font que de nouvelles substances apparaissent quotidiennement sur le marché avec de grands risques de se retrouver un jour ou l'autre dans les milieux aquatiques. Ces nouveaux composés présents parfois à l'état de traces, sont difficiles à identifier et à doser par les méthodes chimiques actuelles alors que les modifications biologiques induites permettent de déceler (analyses biocénotiques) l'altération des eaux, même en dehors des phases aiguës de la pollution.

5.2 - L'indice biologique global normalisé (IBGN)

Les services d'applications CSP, SEMA, ... après avoir utilisé au cours des 30 dernières années différentes méthodes dont l'indice biotique (TUFFERY et VERNEAUX [42]) disposent aujourd'hui d'un outil homologué (AFNOR [43]) : l'indice biologique global normalisé (IBGN)

Les limites d'application de l'IBGN concernent les canaux et les grandes rivières ou les fleuves et tous les écosystèmes où l'habitat aquatique se révèle homogène, que ce soit en raison de causes naturelles ou de causes humaines. Il convient toutefois de signaler qu'une version de l'IBGN adaptée aux grands cours d'eaux est aujourd'hui en cours d'élaboration et devrait permettre à terme de mieux caractériser l'état de ces hydrosystèmes.

5.3 - Autres indices et perspectives

Au cours de ces 10 dernières années, les gestionnaires ont pris conscience du fait qu'un seul indice biologique n'était plus suffisant pour apprécier la qualité écologique d'un écosystème, particulièrement en présence de polluants (organiques et minéraux) et de perturbations physiques.

On s'oriente donc actuellement vers l'utilisation d'une palette de méthodes, stratégie préconisée également au niveau de la CE. En outre, la détermination des organismes à l'espèce n'est plus actuellement considérée comme un obstacle à la mise en réseau de nouveaux outils. On rappellera à ce titre que l'espèce, voire la souche, constitue l'unité biologique de base en écotoxicologie. De même, le développement de techniques telles que les mésocosmes (2) ou les canaux expérimentaux fait appel à des déterminations à l'espèce, qui permettent de comprendre de façon plus approfondie les phénomènes de toxicité in situ.

Actuellement, dans le cadre du SEQ biologique des Agences de l'Eau, on s'oriente vers la mise en réseau de 5 indices biologiques : un seul indice nécessite encore des déterminations simplifiées à la famille (l'IBGN). Les 4 autres méthodes retenues sont basées sur la prise en considération du genre ou de l'espèce (indices diatomique, macrophyte, oligochète, poisson). On assistera donc, au cours des prochaines années, à la proposition de méthodes nouvelles et opérationnelles nécessitant l'espèce comme entité de travail de base.

______________________________________________________________________________________________________
(1) Milieu potamique : cours d'eau de plaine, rivière large à courant lent.
(2) Milieu reconstitué au laboratoire

HAUT DE PAGE                                                                                                                                           RETOUR

 

Daniel Pellerin © 2003