2 - Principales filières de traitement d'effluents de collectivités


 

2.1 - Prétraitements

leur rôle est de séparer de l'eau usée brute les matières ne pouvant être normalement dégradées lors du traitement et qui, de plus, risqueraient d'entraver la bonne marche des équipements constitutifs de la filière.

2.1.1 - Dégrilleur

Il protège la station d'épuration contre l'introduction de déchets volumineux ou non dégradables qui pourraient :
     - obturer les conduites;
     - bloquer des organes mécaniques.
Il est constitué d'une grille plus ou moins sophistiquée dont l'espacement entre les barreaux ou éléments filtrants est adapté aux conditions de fonctionnement de la station. Le nettoyage peut être effectué manuellement ou être automatisé.

2.1.2 - Dessableur

Son rôle est, comme son nom l'indique, de retenir les sables et autres particules lourdes, souvent abrasives qui pourraient :
     - détériorer les équipements (pompes notamment);
     - constituer des dépôts dans les ouvrages.

2.1.3 - Dégraisseur

Il ôte les graisses et les huiles de l'effluent car ce sont des substances qui ne peuvent se dégrader facilement dans les stations d'épuration où elles forment des pellicules à la surface des liquides ou s'agglomèrent en amas gênant le traitement et pouvant boucher des canalisations.

A l'exception des refus de dégrillage qui peuvent rejoindre les traitements d'ordures ménagères, les sables et substances graisseuses retenus par les prétraitements constituent des déchets qui ne pourront normalement plus être acceptés en décharge à partir de 2002, mais devront être traités de façon spécifique dans des centres spécialisés.

2.2 - Traitements primaires

2.2.1 - Décantation simple

Un simple traitement physique par décantation qui consiste à séparer, sous la seule action de la gravité, les particules les plus denses ou les plus grosses ne peut évidemment concerner que la fraction particulaire. Son rendement, en terme d'abattement de la charge polluante d'une eau usée de type domestique, ne peut donc théoriquement excéder 40 %. Dans la pratique, avec les dimensionnements généralement appliqués , les rendements effectifs sur la DCO et la DBO5 sont souvent voisins de 30 %, ceux de l'azote et du phosphore sont en général d'environ 10 %.

Un décanteur constitue souvent le 1er étage de traitement de filières biologiques sensibles au colmatage. Les dépôts - ou boues -  ainsi piégés sont transformés par voie anaérobie dans le digesteur (immédiatement placé sous le décanteur dans le modèle le plus courant, appelé aussi "fosse Imhoff") afin qu'ils présentent moins de nuisances (notamment des odeurs) lorsqu'ils sont périodiquement évacués.

2.2.2 - Traitement physico-chimique

Lorsqu'une séparation plus efficace des matières en suspension est exigée, plutôt que d'augmenter les surface et volume du décanteur primaire, il est préférable d'additionner à l'eau usée différentes substances (coagulants (1) et floculants(2)) visant à agglomérer les particules entre elles afin qu'elles décantent plus rapidement. Corrélativement avec leur action sur les particules, les coagulants (sels de fer et/ou d'aluminium) précipitent les orthophosphates qui se retrouvent alors piégés avec les boues. Les rendements constatés sur le phosphore total sont en général importants et fonction des doses de coagulants appliquées.

Les procédés physico-chimiques constituent de plus en plus rarement en tant que tels une filière de traitement complète. Ils sont en effet, presque toujours associés à des traitements biologiques dont ils constituent :
       - Soit, un traitement primaire de décantation poussée
     - Soit, un maillon ajouté au traitement secondaire biologique pour améliorer la décantation des flocs bactériens et conjointement assurer une partie importante de la rétention des orthophosphates.

S'ils ont une action marquée sur la fraction particulaire et, dans une moindre mesure, sur la fraction colloïdale, les traitements physico-chimiques sont sans effet sur la fraction carbonée et les composés azotés dissous (sels ammoniacaux, notamment).

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(1) Coagulant = produit qui transforme les charges électriques à la périphérie des particules leur permettant ainsi de se rassembler plutôt que de se repousser mutuellement.
(2) Floculant = substance dense, d'aspect souvent gélatineux qui favorise le regroupement de particules en amas de particules, appelés "flocs".

2.3 - Traitements secondaires biologiques

Afin de ne pas alourdir ce chapitre, nous détaillerons uniquement les procédés biologiques aérobies (en présence d'oxygène) pour lesquels l'activité épuratoire s'appuie sur le développement de certaines bactéries (normalement présentes dans le sol, l'eau et l'air) qui se nourrissent de matière organique. La pollution est donc transformée en corps bactériens et réserves alimentaires qui s'agglomèrent en particules appelées flocs. Des organismes plus évolués (protozoaires) figurent aussi dans les premiers maillons de cette chaîne alimentaire sommaire, leur action est importante pour améliorer la qualité de l'eau interstitielle dans laquelle baigne le floc dont ils facilitent la décantation.

Le développement de cette biomasse peut s'effectuer de différentes façons :
     - en suspension dans l'eau à traiter, on parle alors de cultures libres;
     - sur supports, il s'agit alors de cultures fixées. Selon la taille du support, on distingue les cultures fixées sur supports grossiers (la gamme de taille est de l'ordre du centimètre) et les cultures fixées sur supports fins (dont la taille est comprise entre quelques millimètres pour les graviers et sables et quelques dizaines de microns pour les sols).

Nous ne nous intéresserons pas au filières de traitement biologiques anaérobies (sans oxygène) de traitement des eaux (dans les digesteurs spécialement aménagés) qui sont certes efficaces, mais sur des eaux usées très concentrées uniquement. Elles ne permettent pas d'atteindre un niveau de qualité compatible avec un rejet direct vers le milieu naturel. Elles sont, ce de fait, essentiellement utilisées en traitement préalable aux filières biologiques aérobies dans des industries agro-alimentaires de grosse taille (distilleries, notamment).

2.3.1 - Cultures libres

2.3.1.1. - Boues activées en aération prolongée.

Les boues activées constituent la référence des traitements biologiques aérobies en cultures libres. L'aération est assurée mécaniquement, soit par des aérateurs de surface, soit par insufflation d'air. La culture bactérienne est séparée de l'eau traitée par décantation dans le clarificateur, puis réintroduite dans les bassins de traitement (c'est-à-dire dans le cas le plus simple, le bassin d'aération) grâce à la recirculation des boues.

Il existe différents types de stations à boues activées classés selon plusieurs critères faisant intervenir la charge à traiter :
     - soit par rapport à la concentration moyenne de culture bactérienne présente dans le bassin d'aération, on l'appelle charge massique et elle s'exprime en kg de DBO/kg de MVS (3)/jour;
     - soit par m3 de bassin d'aération, on parle alors de charge volumique (kg de DBO/m3/j)

On parle ainsi de boues activées "à forte charge" ou "à moyenne charge" qui sont de moins en moins utilisées en raison de leurs performances modestes.

Le type plus connu et, aujourd'hui le plus largement recommandé, est celui où les ratios de charge sont les plus faibles (charge massique de 0,1 kg de DBO/kg de MVS/j et charge volumique < ou = à 0,35 kg de DBO/m3/j), appelé boues activées en aération prolongée.

La boue activée en aération prolongée est un procédé capable d'assurer une excellente qualité d'effluents épurés :
     - faible quantité de matière organique résiduelle ainsi que des abattements significatifs en azote par nitrification et dénitrification grâce à l'optimisation des réglages d'aération. L'adjonction d'un bassin d'anoxie jour un rôle sécuritaire;
     - abattements en phosphore possibles par déphosphatation biologique si installation d'équipement spécifiques (bassin anaérobie en tête, notamment) ou par déphosphatation physico-chimique par ajout de coagulant dans le bassin d'aération.

Performances attendues (4) : DBO5 < 25mg/l, DCO < 125mg/l, MES < 25mg/l, NK < 10 mg/l, NGL (5) > 80 % d'élimination.
Un bon niveau et la pérennité des performances exigent une exploitation soutenue, par un personnel ayant des compétences en biologie et en électromécanique.

2.3.1.2. - Lagunage aéré

Le lagunage aéré se différencie des boues activées par l'absence de recirculation de la culture bactérienne séparée par décantation dans une ou deux lagunes à l'aval de la lagune d'aération.

Dans cette dernière, la croissance de la population bactérienne est donc en équilibre avec la disponibilité, restreinte, de matière organique.

Deux conséquences :
     - faible densité de bactéries entraînant un temps de traitement long dans la lagune d'aération (temps de séjour de 20 jours) pour dégrader la majeure partie de la matière organique dissoute. On est donc ici en présence d'un système peu intensif, aux performances limitées mais néanmoins au fonctionnement très stable qui lui permet de s'adapter à des types d'effluents variés, plus concentrés comme peuvent l'être des eaux usées domestiques mélangées, par exemple, avec des eaux d'une industrie agro-alimentaire, raccordée au réseau communal;
     - bactéries faiblement floculées en sortie de lagune d'aération, ce qui suppose une séparation lente avec l'eau interstitielle au sein d'une lagune de décantation (temps de séjour de 5 jours), beaucoup plus largement dimensionnée que ne l'est un clarificateur de boues activées. Cette biomasse épuratoire s'accumule au fond de la la lagune de décantation d'où elle est évacuée, sous forme de boues, tous les 2 ans environ.

Performances attendues : DBO5 < 35 mg/l, DCO = 135 mg/l, MES < 35mg/l, NK = 30% d'élimination et NGL = 25% d'élimination.

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(3) Matière volatile en Suspension
(4) En gras sont mentionnées les valeurs limites de la circulaire du 17 février 1997, les autres valeurs en découlent logiquement en fonction des performances des différentes filières de traitement.
(5) NGL = Azote global, il regroupe toutes les formes de composés azotés qu'ils soient réduits ou oxydés

2.3.1.3. - Lagunage naturel

L'épuration nécessaire à la respiration bactérienne est produit uniquement grâce aux mécanismes photosynthétiques des végétaux microscopiques (algues) en présence de rayonnements lumineux
 

Le dimensionnement s'appuie sur l'observation du fonctionnement de lagunes installées depuis 15 ans en France. On recommande une surface de 11 m² par Equivalent(-Habitant (6) (EH), répartie en trios bassins :
----- La première lagune (6m²/EH) est le siège prépondérant de l'abattement de la charge polluante carbonée. En sortie de ce bassin, la concentration en algues microscopiques peut être importante. Il est éventuellement équipé, en tête, d'une surprofondeur qui piège une partie des MES apportées par le réseau d'assainissement et dont la vidange périodique (tous les ans) facilite le curage des boues qui s'accumulent progressivement sur le fond de l'ensemble du bassin;
----- La deuxième lagune (2,5 m²/EH) permet un abattement de l'azote, du phosphore et une réduction de la concentration en algues;
----- La troisième lagune (2,5m²/EH) continue l'abattement obtenu dans la deuxième lagune. Elle permet aussi de conserver une bonne qualité de traitement lors d'un incident (dysfonctionnement) ou d'une opération d'entretien (curage) survenant sur le premier bassin.

Les rendements sont en partie sous la dépendance des saisons (plus faibles en hiver), notamment ceux concernant les nutriments (azote et phosphore) que les algues consomment pour leur croissance.

On rencontre cependant fréquemment des lagunages naturels ne comportant que deux bassins qui ont ainsi été réalisés au regard de contraintes d'espace disponible ou de réduction des coûts d'investissement. Les performances sont souvent moindre, en dépit d'une surface utile du 2ème bassin qui doit au moins être égale à 5 m²/EH.

Performances attendues : DCO > 60 % d'élimination, MES < 150 mg/l, NK > 60 % d'élimination, NGL = 60 % et PT = 60 % d'élimination

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(6) Equivalent-Habitant : Par définition, c'est la quantité de pollution engendrée quotidiennement par un habitant. mais conjointement, c'est une tentative de transcription de divers paramètres caractérisant la pollution en un seul qui peut avoir différentes valeurs, selon qu'on le regarde d'un point de vue réglementaire ou d'une représentation plus ou moins fidèle de la quantité de pollution engendrée dans des contextes différents  (par exemple : milieu urbain ou rural ou industriel)

2.3.2 - Cultures fixées

2.3.2.1 - Sur supports grossiers

En France, les filières de traitement de type lit bactérien et disques biologiques sont relativement peu développés (voir tableau 2 sur la répartition des procédés). Ces procédés font donc l'objet d'un moindre effort de recherche de la part des constructeurs nationaux qui importent souvent une partie des équipements. De ce fait, la plupart des innovations ainsi que les principaux critères de conception sont établis à partir de recommandations provenant d'autres pays européens.

La biomasse épuratoire est fixée sur un support sur lequel l'eau à épurer ruisselle. Les larges interstices de ce support dit 'grossier" permettent une ventilation nécessaire au bon fonctionnement.

2.3.2.1.1. - Lit bactérien

Le lit bactérien est l'ancêtre des procédés d'épuration apparu en Grande Bretagne, il y a plus d'un siècle.

Depuis le milieu des années 1970, l'utilisation de garnissages "plastiques", ayant des surfaces développées de 150 à 200 m² par m3 et des indices de vide plus importants (95 %) que ceux des matériaux traditionnels (pouzzolane, cailloux, qui ne dépassent pas 50%), permet d'accepter de fortes charges organiques avec peu de risque de colmatage.

Des progrès ont été réalisés pour contrôler la croissance du biofilm (ou biomasse épuratoire fixée sur le support), grâce à une augmentation de la charge hydraulique en mettant en place des procédures de recyclage en tête de station ou de lit d'une partie des flux traités. Une plus grande maîtrise de l'arrosage est aussi obtenue par l'utilisation de sprinklers motorisés (réduisant la vitesse de rotation des bras d'arrosage qui se situe aux environs de 6 tours/minute sur les distributeurs entraînés par simple réaction à l'écoulement)

Les performances sont liées à la charge volumique traitée, on citera ci-dessous celles obtenues pour une charge journalière limitée à 0,7 kg de DBO/m3 de matériau. Une charge volumique plus faible et, par conséquent, un volume de lit bactérien plus important, les améliorerait mais ne serait pas compétitif en terme de coût d'investissement par comparaison avec une boue activée.

Performances attendues : DBO5 < 35 mg/l, DCO = 125 mg/l, MES < 30 mg/l, NK = 50%, NGL = 40 et PT = 30 % d'élimination.

2.3.2.1.2. - Disques biologiques

Les disques biologiques ont connu un fort abandon depuis 1975 en France, justifié par de nombreuses défaillances mécaniques et un sous dimensionnement chronique.

D'autres pays européens, en Allemagne et au Royaume Uni notamment, cette technique figure toujours en bonne place parmi celles réputées adaptées au traitement des eaux usées domestiques. 

Par conséquent, les constructeurs présents dans ces pays ont normalement fait évoluer la technologie vers une plus grande robustesse et fiabilité de la partie mécanique, d'une part, et vers le développement de nouveaux supports, légers et offrant souvent une surface développée accrue.

Comme pour les lits bactériens la qualité de l'eau épurée est directement liée à la charge polluante appliquée par unité de surface mouillée des disques. Nous citerons ci-après les performances réalisées pour une charge journalière limitée à 8 ou 9 g de DBO5/m² qui s'inscrit dans un compromis technico-économique couramment pratiqué.

Performances attendues : DBO5 < 35 mg/l, DCO = 125 mg/l, MES < 30 mg/l, NK = 50%, NGL = 40% et PT = 30% d'élimination.

2.3.2.2. - Sur supports fins

2.3.2.2.1. - Principes généraux de fonctionnement

Globalement, il s'agit de systèmes biologiques de traitement des eaux usées pour lesquels la culture bactérienne épuratrice se développe sur des supports minéraux rapportés ou en place [44], de faible taille (de l'ordre de quelques millimètres pour les graviers jusqu'à quelques dizaines de microns pour les sols en place réputés adaptés).

La recherche d'une grande fiabilité de fonctionnement, d'un niveau de traitement élevé, d'une relative simplicité de mise en oeuvre et d'exploitation, imposent des critères de conception et de fonctionnement spécifiques :
----- apport de très faibles charges organiques, pur limiter le développement de la biomasse par limitation de la nourriture disponible;
----- - fonctionnement alterné de plusieurs réacteurs en parallèle, pour que l'aération des interstices du matériau, nécessairement lente car s'opérant essentiellement par diffusion moléculaire, permette de rétablir, au moins partiellement, un taux d'oxygène compatible avec une nouvelle phase d'alimentation.

La mise au repos d'un massif filtrant accentue également la régulation du développement de la biomasse qui se trouve ainsi placée dans des conditions de disette extrême. Elle doit, de ce fait, consommer ses réserves et passer en état de respiration endogène (7), voire régresser par prédation.

En outre, le fractionnement du réacteur en plusieurs massifs filtrants facilite, dans une certaine mesure, la nécessaire répartition de flux limités d'eaux usées (de l'ordre de 150mm/jour pour les filtres enterrés) sur des surfaces relativement importantes.

Une distribution uniforme de l'eau usée ne peut être assurée que si elle est temporairement stockée et envoyée à fort débit pendant un temps limité. Ce processus s'appelle l'alimentation par bâchées. Les dispositifs utilisés pour réaliser l'alimentation par bâchées peuvent être un siphon auto amorçant, un système d'électrovannes couplé à des détecteurs de niveaux dans le bassin de stockage, un jeu de pompes ou pour les petites installations un auget basculant dont le volume ne peut guère excéder 250 litres.

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(7) Respiration endogène = Consommation minimale d'oxygène par la biomasse lorsqu'elle n'assimile plus de matière organique.

Les critères de dimensionnement sont établis en fonction de type de matériau support de la biomasse et de la visibilité ou non du système de distribution de l'eau usée [44].

2.3.2.2.2. - Les différentes filières et leur créneau d'utilisation privilégié

Les lits d'infiltration-percolation sur sable et les filtres plantés de roseaux sont utilisés en assainissement collectif pour des communes dont la population raccordée au réseau d'assainissement varie approximativement de 100 à 1 000 EH. Les filtres enterrés et l'épandage souterrain s'adressent à des collectivités plus petites de quelques dizaines jusqu'environ 200 habitants. Ils constituent aussi une part importante du parc des installations d'assainissement non collectif où le traitement primaire est alors réalisé par une fosse toutes eaux. L'épandage superficiel non représenté sur les schémas ci-joints peut aussi se classer parmi les filières de type "cultures fixées sur supports fins". S'il présente une perméabilité convenable, le sol en place constitue alors le support des micro-organismes et le soeur du système (voir épandage souterrain).

Dans les autres techniques, le matériau support est rapporté et il s'agit essentiellement de sable, à l'exception du 1er étage des filtres plantés de roseaux, alimenté avec des eaux usées brutes, constitué de graviers fins.

2.3.2.2.3. - Mode de rejet

Selon que le rejet s'effectue dans le réseau hydrographique superficiel ou est dispersé dans les couches profondes du sol, la mise en oeuvre des procédés est bien sûr différente au niveau de la base des massifs filtrants qui représente la couche draînante. Elle est soit munie de drains collecteurs, soit constituée d'une couche de graviers grossier d'interfaçage ou de transition avec le sol en place.

Performances attendues : DBO5 < 25 mg/l, DCO < 125 mg/l, MES < 25 MG/l, NK < 10 mg/l, concentrations élevées de nitrates et donc rendements sur l'azote global généralement inférieurs à 50% d'élimination.

Les abattement de phosphore sont faibles avec du sable (qui a un faible pouvoir de rétention, rapidement saturé). Lorsque le support de la biomasse et, corrélativement, le milieu de dispersion des effluents traités est un sol en place (comme c'est le cas pour l'épandage souterrain, par exemple), les rendements en phosphore sont nettement plus conséquents et durables car le complexe argilo-humique a un pouvoir de rétention élevé.

2.3.2.3. - Autres cultures fixées (biofiltres)

Les biofiltres sont souvent précédés d'un étage de traitement primaire physico-chimique. Cependant de nouvelles générations de systèmes apparaissent et seraient capables de traiter des eaux usées simplement prétraitées; il s'agit de filières dont la conception évolue rapidement en raison d'un effort de recherche soutenu.

A la différence de toutes les filières déjà présentées, les supports, en matériau synthétique (billes de polystyrène) ou en argile expansée, sont immergés complètement dans l'eau à traiter. Ils sont donc aérés artificiellement par le fond via des dispositifs d'insufflation alimentés par des surpresseurs. Le support de la biomasse constitue aussi un filtre qui piège les matières en suspension, il n'est donc pas nécessaire de procéder à une clarification finale des effluents.

En revanche, des lavages avec de l'air et de l'eau, injectés à forts débits, doivent être régulièrement effectués. Plusieurs cellules de traitement fonctionnant en parallèle et pilotées par des automates plus ou moins sophistiqués assurent la gestion des diverses phases de traitement. Les eaux de lavage, chargées de la biomasse en excès arrachée au support, sont stockées et retraitées. Il s'agit donc de systèmes complexes et sophistiqués dans les organes de contrôle et commande des divers organes électro-mécaniques. En revanche, ils sont capables de traiter des fortes charges sur des espaces réduits mais il s sont réservés à des collectivités ou des sites industriels dont la capacité est souvent supérieure à 10 000 EH.

Performances attendues : Différents systèmes ont été conçus pour s'adapter à des objectifs de traitement différenciés (traitement de fraction carbonée de la matière organique ou nitrification et dénitrification). Couplés avec un traitement primaire physico-chimique, ils peuvent pratiquement s'adapter à toutes les exigences en matière de rétention de phosphore au regard des doses de coagulant introduites.

2.4 - Classement des filières de traitement d'effluents de collectivités au regard de leurs performances

Le tableau suivant fournit seulement une indication de la qualité du rejet qui peut être attendue en sortie de chacun des dispositifs décrits précédemment au regard de "concentrations types" représentatives d'une eau usée domestique "normale" (c'est-à-dire basée sur la charge polluante supposée rejetée par un équivalent-habitant dans un volume journalier de 150 litres).

Cette construction est assez théorique sachant que :
----- la charge polluante rejetée par un habitant est généralement plus élevée en ville (notamment les plus grandes) en raison de la collecte d'une part variable d'eaux de ruissellement de chaussées lors d'épisodes pluvieux qui provoquent des pointes considérables de débit et de charge, notamment au début des épisodes pluvieux;
----- pour des réseaux très séparatifs et compte tenu du renchérissement du prix de l'eau potable, le volume collecté peut être sensiblement inférieur à 150 litres/EH/jour (90 à 120 litres);
----- pour des réseaux drainants, les volumes peuvent être très supérieurs à 150 l/EH et par conséquent les concentrations bien moindres car diluées par des eaux claires.

Tableau 1 : Performances attendues en sortie des filières décrites précédemment (en mg/l ou % d'élimination)

 Type de traitement  DCO  DBO5  MES  NK en N  NGL en N  PT en P
Eau usée (entrée station) 800 mg/l 330 mg/l 270 mg/l 80 mg/l 80 mg/l 15 mg/l
Décantation simple > 30 % > 30 % > 50 % 10 à 15% 10 à 15% 10 à 15%
Physico-chimique > 50% > 50% 50 à 80% 15 à 20% 15 à 20% 60 à 95%
Boues activées en aération prolongée < 125 mg/l < 25 mg/l < 25 mg/l < 10 mg/l > 80%  
Lagunage aéré = 135 mg/l < 35 mg/l < 35 mg/l = 30% = 30% = 25%
Lagunage naturel (8) > 60% Non signif (9) < 150 mg/l
(algues)
> 60% (10) = 60% = 60%
Biofiltration < 125 mg/l 25 mg/l < 35 mg/l * * *
Lit bactérien et disques biologiques = 125 mg/l < 35 mg/l < 30 mg/l = 50% = 40% = 30%
Cultures fixées sur supports fins
(sur supports rapportés)
< 125 mg/l < 25 mg/l < 25 mg/l < 10 mg/l = 40% = 30%
(Sur sol en place)  

Pas de rejet superficiel

 

en gras : valeurs issues de la circulaire du 17 février 1997 ou du décret du 22 décembre 1994
* Valeurs dépendantes du dimensionnement
DCO : indicateur de la charge organique biodégradable ou non d'une eau
DBO (Demande biochimique en oxygène) : indicateur de la charge organique biodégradable d'une eau
NK (azote Kjeldahl) : azote organique + azote ammoniacal
NGL (azote global) : azote organique + azote ammoniacal + azote nitreux + azote nitrique
PT (phosphore total) : phosphore organique + polyphosphates + orthophosphates

_______________________________________________________________________
(8) abattements en pourcentages calculés à partir des flux entrant et sortant de l'ouvrage
(9) Non significatif à cause des algues en suspension
(10) abattement en nutriments variables selon les saisons (meilleur en été, plus faible en hiver)

 

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Daniel Pellerin © 2003