5 - Traitement d'eaux usées particulières


 

5.1 - Effluents de caves vinicoles

Les caves vinicoles constituent une activité agro-alimentaire saisonnière où l'essentiel de la pollution est rejeté sur trois ou quatre mois à partir des vendanges.

Les premières expériences de raccordement de caves aux stations d'épuration communales, voici 10 ou 15 ans, ont souvent conduit à de graves échecs en raison des concentrations et charges élevées induites (DCO de 3 000 à 20 000 mg/l pour des volumes compris entre 30 et 250 litres par hectolitre de vin).

Les caves sont des installations classées en raison de leur "capacité à polluer" et du potentiel impact négatif que cette activité peut avoir sur l'environnement. Parmi cette vaste législation des installations classées, qui couvre également bien d'autres domaines que celui de l'eau, on distingue deux régimes en fonction de la taille de la cave [47].

  • Le régime de "l'autorisation" (sous-entendu : d'exploitation) est le plus contraignant. Il s'applique aux établissements produisant plus de 20 000 hl de vin par an. L'autorisation est délivrée par les services préfectoraux (voir décret du 31 décembre 1993 et arrêté du 2 février 1998). A ce titre, elles sont soumises à plusieurs contraintes notamment :
     - vis-à-vis des conditions de raccordement à une station dépuration collective
     - de valeurs limites de rejet d'effluents en milieu naturel (35 à 100 mg/l de MES, 30 à 100 mg/l de DBO5, 125 à 300 mg/l de DCO selon les flux rejetés journellement, le pH doit être compris entre 5,5 et 8,5)

  • Le régime de "déclaration" qui s'applique aux caves ayant une production comprise entre 200 et 20 000 hl a été précisé par l'arrêté du 15 mars 1999 (J.O. du 16 avril 1999) et son annexe publiée au Bulletin Officiel n° 99/3 du Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement. Il est très important car la plupart des installations sont comprises dans ce créneau. Il s'applique aux installations nouvelles déclarées postérieurement à la date de parution de cet arrêté. Comme pour le cas précédent, des conditions de rejet sont fixées :
     - en réseau d'assainissement (600 mg/l de MES, 800 mg/l de DBO5, 2 000 mg/l de DCO)
     - en milieu naturel : 100 mg/l de MES si flux < 15 kg/j, sinon 35 mg/l
                                     300 mg/l de DCO si flux < 100 kg/j, sinon 125 mg/l
                                     100 mg/l de DBO5, si flux < 35 kg/j, sinon 30 mg/l

Au plan technique, jusqu'à un passé assez récent, la seule solution disponible était le stockage des effluents et leur épandage, souvent contraignant, sur des terres agricoles avoisinantes. Des traitements plus ou moins sophistiqués, couplant le cas échéant un traitement anaérobie en tête, selon la taille des caves, ont vu le jour et ont fait l'objet de suivis d'évaluation en collaboration avec la profession.

Une palette de procédés comprenant des systèmes, du plus complexe au plus simple (à base de levures, de boues activées multi-étages, de lagunage aéré, de stockage aéré avec finition sur lits d'infiltration-percolation sur sable), est désormais disponible pour des unités dont la taille est supérieure ou égale à 5000 hl de vin.

Il reste encore à faire un important travail de mise au point pour adapter des procédés simples à exploiter et peu onéreux à l'investissement au contexte des chais privés dont la production annuelle est souvent inférieure à 500 hl.

5.2 - Eaux usées et lisiers provenant des élevages

Différents types d'effluents sont produits dans les élevages agricoles. Les plus chargés sont ceux constitués ou contenant une part importante des déjections, qui à l'état liquide sont les lisiers et les purins. Du fait de leurs concentrations en matière organique et aussi en éléments fertilisants, leur destination naturelle est l'épandage sur terrains agricoles au titre des "engrais de ferme". Les règlements sanitaires départementaux, révisés par la circulaire du 9 août 1978 (J.O. du 13 septembre 1978) et la loi de 1976 relative aux établissements classés, en fixent les règles de stockage et épandage.

Le problème se pose toutefois avec une acuité particulière dans les régions où existent de nombreux élevages dits "hors sol", qui sont dénommées ZES (Zone d'Excédents Structurels). Dans celles-ci, les quantité de déjections sont supérieures aux besoins d'une fertilisation raisonnée des sols et peuvent porter atteinte à l'environnement. Des systèmes de traitement spécifiques des lisiers individuels (à la ferme) ou collectifs (en unités fixes ou mobiles) sont à l'étude et seront progressivement mis en oeuvre. Globalement, les buts poursuivis par ces dispositifs sont :
- traitement biologique partiel avec valorisation sur place à l'état liquide du lisier traité par des procédés de nitrification et dénitrification. On cherche essentiellement dans ce cas à diminuer la teneur en azote de façon à pouvoir épandre des volumes plus importants sur les terrains agricoles proches sans excéder des doses susceptibles d'engendre un lessivage d'éléments fertilisants vers les eaux de surface ou les nappes phréatiques.
- traitements physico-chimiques pour concentrer les éléments valorisables (filtration des particules solides, évaporation naturelle ou séchage thermique) puis étape physico-chimique plus ou moins complexe en vue d'extraire des produits enrichis en azote, phosphore et potassium exportés sous forme d'engrais organiques solides, hors de la région ou détruits par incinération avec l'objectif de minimiser les transferts de gaz nocifs vers l'atmosphère.

Au plan réglementaire, l'encadrement de ces dispositifs est régi par le décret n° 93-1038 du 27 août 1993, relatif à la protection des eaux contre la pollution par les nitrates d'origine agricole, l'arrêté du 4 mars 1996 relatif aux programmes d'action à mettre en oeuvre dans les zones vulnérables afin de réduire la pollution des eaux par les nitrates d'origine agricole. S'y ajoute plus récemment, la circulaire conjointe des ministère de l'agriculture et de la pêche et ministère de l'environnement du 21 janvier 1998 relative à la mise en oeuvre du Programme de Maîtrise des Pollutions d'Origine Agricole (PMPOA) et des programmes de résorption.

D'autres effluents, moins chargés en substances agronomiquement valorisables, sont également produits par les exploitations. Ceux-ci ne sont pas toujours intéressants à stocker, soit séparément, soit mélangés avec les déjections liquides (lisiers, purins) dans le but de les épandre.

Nous citerons :
----- les eaux brunes : eaux de ruissellement sur des aires d'exercice non couvertes, auxquelles peuvent aussi s'adjoindre les jus d'ensilage et les eaux de lavage d'installations de traites, pour lesquelles un programme national de mise au point de solutions de traitement est en cours;
----- les eaux de lavage d'installations de traites et stockage du lait, connues sous la dénomination d'eaux blanches (car contenant un résiduel de lait dans les canalisations) et vertes (issues du lavage des quais et murs des salles de traites, salis par des déjections). Des filières de traitement (fossés lagunants, filtres à sables et filtres plantés de roseaux) ont été adaptées à ces types d'effluents dont les concentrations varient dans les limites de 1000 à 3000 mg/l de DCO. Elles devraient être mise en oeuvre progressivement avec la mise aux normes des élevages dans le cadre du PMPOA.
----- Pour ces effluents, différentes solutions sont donc élaborées pour réduire les concentrations et charges polluantes mais avec le souci de ne pas rejeter directement dans les cours d'eau les effluents traités. Ceux-ci devraient transiter par une zone assurant une traitement complémentaire dit "tertiaire" (fosse d'infiltration, bande enherbée,...)

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Daniel Pellerin © 2003