Les micropolluants


 

Sont rassemblées sous le terme "micropolluants", les substances toxiques ou indésirables à l'état de traces usuellement scindées en deux groupes :
- les composés minéraux traces;
- les composés organiques traces.

Les composés minéraux traces (les métaux en particulier) peuvent être présents à l'état naturel, à des concentrations variables en fonction de la géochimie des roches. Par contre, le chlore et les cyanures (éléments non métalliques) en sont absents.

Les composés organiques traces, principalement des molécules de synthèse plus ou moins complexes, sont utilisés par l'homme dans tous les secteurs d'activité (agricole, industriel, public, domestique). Parmi ces substances, les produits phytosanitaires (autrement nommés pesticides (1)), produits de protection des plantes, occupent une place particulièrement importante en raison de leur effet écotoxicologique et des quantités importantes utilisées chaque année. La France est le 3ème pays consommateur de pesticides au monde en 1975 après les Etats Unis et le Japon avec quelques 450 matières actives homologuées qui entrent dans la composition de plus de 3 500 spécialités commerciales.

Les substances phytosanitaires sont classées, par les producteurs et les utilisateurs, selon la nature de l'espèce nuisible :
- les herbicides (40 % de la consommation) [13]
- les fongicides (substances utilisées pour détruire les champignons parasites), (39 % de la consommation) [16]
- les insecticides (12% de la consommation) [13]
- les rodenticides (substances utilisées pour détruire les rongeurs) avec comme sous-classe les raticides
- les acaricides (substances utilisées pour détruire les acariens, les araignées,...)
- les nématicides (substances utilisées contre les vers)
- les molluscicides (substances utilisées contre les mollusques notamment les escargots et les limaces).

Les analystes préfèrent classer les produits phytosanitaires d'après leurs structures chimiques. Ainsi on distingue les organo-chlorés, les organo-phosphorés, les organo-azotés (triazines), les urées substituées, les pyréthrinoïdes de synthèse, les phytohormones, ... (voir tableau)

Certains produits phytosanitaires sont classés comme "substances toxiques" ou "substances dangereuses" par la législation française. La réglementation relative à la qualité des eaux se fonde sur les Directives de la Communauté Européenne. En ce qui concerne la qualité des eaux superficielles, utilisées pour la production d'eau, destinée à la consommation humaine, la Directive n° 75/440/CEE prévoit que la concentration totale de la somme en Parathion, Lindane et Dieldrine ne doit pas dépasser 5 microgrammes/l. Pour la qualité des eaux potables, la concentration maximale admissible est de 0,1 microgramme/l par substance individualisée et de 0,5 microgramme/l au total pour les pesticides (Directive n° 80/778/CEE et décret n° 89-3 du 3 janvier 1989).

La détection des micropolluants présents à des concentrations très faibles (de l'ordre du microgramme) fait appel à des techniques de micro-analyse élaborées, longues et coûteuses nécessitant au préalable un conditionnement spécifique des échantillons afin de minimiser tout risque de contamination des échantillons (voir "conditionnement des échantillons")

On notera qu'il est indispensable de préciser au laboratoire les produits incriminés d'autant plus que les substances phytosanitaires actuellement utilisées sont variées et leurs méthodes d'analyse différentes selon les produits recherchés.

ON conviendra qu'une analyse de substances phytosanitaires doit être justifiée par une enquête de terrain minutieuse et n'a de sens que dans la mesure où elle vient en confirmation de cette dernière.

  • Les chlorobenzènes sont des substances organiques chlorées susceptibles d'être présentes dans les effluents industriels. Leur recherche dans les eaux est effectuée selon une méthode européenne normalisée.

 

  • Les PCB (polychlorobiphényles) répondent à la formule chimique générale ... Ces corps très stables thermiquement sont utilisés principalement comme plastifiants, fluides caloporteurs dans les échangeurs de chaleur, isolants électriques.
    Les sources de pollution par ces substances peuvent être les lieux de fabrication et de mise en oeuvre, la vidange d'un transformateur, mise en déchet de condensateurs, dégradation de matières plastiques notamment par incinération et entraînement dans l'air puis dans l'eau,...
    Ce sont des composés présentant une certaine stabilité dans l'environnement. Ils présentent une forte toxicité aiguë vis-à-vis des poissons, s'accumulent dans les sédiments et se concentrent dans la chaîne alimentaire (poissons).

 

  • Les composés organo-halogénés volatils recherchés actuellement comprennent le tétrachlorure de carbone, le chloroforme, les chloroéthanes, chloroéthylènes, chlorométhane, chlorobromoéthanes, bromoforme. Utilisés comme produits de base dans la synthèse, ils sont présents dans les effluents industriels et très largement utilisés dans des produits d'usage courant.
    La recherche de ces substances dans les eaux a pour origine la nécessité d'un contrôle de la qualité des eaux destinées à la production d 'eau potable.
    La mise en oeuvre du protocole d'analyse nécessite l'adoption de précautions scrupuleuses lors de l'échantillonnage in situ (cf chapitre prélèvements)

 

  • Les H.A.P. (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques) sont des composés organiques dont les sources de pollution sont essentiellement liées aux activités humaines (transport routier, transport du pétrole, effluents industriels, chauffage,...) Ils sont notamment synthétisés lors de combustions incomplètes de matières organiques.
    Les H.A.P., en raison de leur faible solubilité dans l'eau, ont tendance à s'adsorber sur les particules en suspension. Très liposolubles, ils auraient tendance, après ingestion ou inhalation, à gagner les tissus riches en lipides, mais ils sont pris en charge par un système de biotransformation qui vise à les excréter hors de l'organisme. Toutefois certains de ces composés sont transformés en des métabolites très réactifs qui au bout d'un certain temps peuvent provoquer des impacts sur la reproduction des poissons et l'apparition de tumeurs. La plupart des données font part, pour ces substances, d'un risque cancérogène.

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(1) D'après COLAS cité par LAMATHE et al. [14] "on appelle pesticide, toute substance naturelle ou synthétique qu'elle soit ou non mélangée à d'autres produits (support, adjuvant, tensio-actif utilisée :
- dans la lutte contre les vecteurs des maladies humaines et animales, à l'exclusion des médicaments
- pour la lutte contre les ennemis des plantes et des récoltes
- pour la protection des matériaux et produits stockés ou mis en oeuvre

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Daniel Pellerin © 2003